Éséka, Cameroun, 26 juillet Juillet 2025
Une nouvelle tragédie secoue les communautés riveraines de la SOCAPALM d’Edéa dans le Département du Nyong-et-Kéllé, Région de Centre Cameroun. Un jeune homme du nom de NKOUM LIBONG Frédéric Aimé a trouvé la mort suite à une interpellation brutale menée par la gendarmerie, avec le soutien des gardiens de la société agro-industrielle SOCAPALM. Le motif ? Un simple vol présumé de noix de palme.
Selon plusieurs témoignages concordants des riverain(e)s, tout commence par une opération de « battue » organisée par les agents de sécurité de SOCAPALM, filiale du groupe Socfin-Bolloré. A la suite d’un vol signalé dans la plantation, Les gardiens identifient un couple de riverains qu’ils soupçonnent et appellent la gendarmerie pour procéder à leur arrestation.
Pendant qu’ils y étaient, un voisin de ce couple, de retour chez lui, s’approche pour comprendre la situation, les gardiens le pointent du doigt comme étant l’un des délinquants de la localité. Ce simple geste d’interpellation lui sera fatal. Les gendarmes, sans se questionner le passent à tabac avant de l’embarquer de force avec le couple suspect.
Une garde à vue qui vire au drame
Le jeune homme est conduit à la brigade de gendarmerie d’Éséka, où il passe la nuit en détention. Selon les habitants, il aurait continué à subir des violences physiques. Au matin, il est mort. Le corps est transporté discrètement à la morgue, sans qu’aucune information ne soit donnée à la famille. Ce n’est qu’après plusieurs heures d’angoisse et de recherche que les proches apprennent la terrible nouvelle.
Colère dans la communauté, mobilisation spontanée
À l’annonce de ce décès, la colère gronde. Des manifestations éclatent, des habitants réclament la vérité et dénoncent une bavure meurtrière. Pour eux, ce jeune homme est une victime innocente, tombée sous les coups de la brutalité d’un système qui criminalise la pauvreté et protège les intérêts des puissants.
« Il n’a rien volé. Il voulait juste comprendre ce qui se passait. Maintenant, on l’a tué. Pour rien », lâche une riveraine, la voix tremblante.

Réaction de la direction de SOCAPALM
Alertée par l’ampleur de la mobilisation, la direction générale de SOCAPALM s’y est rendue en urgence, parti de Douala. Une réunion de crise s’est tenue à Éséka, avec les autorités administratives et traditionnelles. La mère du défunt y a été conviée, dans ce qui semble être une tentative d’apaisement. Mais à ce jour, aucune déclaration officielle n’a été faite sur les conclusions de cette rencontre.
Une affaire de plus dans un climat de violences systématique.
Pour les associations locales de défense des droits humains, cette affaire révèle une fois de plus la brutalité des forces de l’ordre autour des agroindustries, souvent utilisées comme bras armé des multinationales contre les communautés paysannes.
Elle questionne aussi la responsabilité sociale de ces entreprises agro-industrielles, qui bénéficient de vastes concessions sur des terres ancestrales des communautés, les exploitent sans aucune compensation pour ces dernières et, marginalisent ces populations locales.
La SOCAPALM est déjà régulièrement pointée du doigt pour des abus environnementaux et sociaux. Elle se retrouve à nouveau au centre d’une controverse grave.

Un appel urgent à la VERITE et à la JUSTICE
La famille du défunt et toute la communauté exigent une enquête indépendante pour faire la lumière sur cette mort tragique. Ils réclament que les auteurs des violences soient traduits en justice, peu importe leurs fonctions et leurs origines.
Au-delà de la justice pour une famille endeuillée, il s’agit d’un combat pour la dignité, la justice sociale, et la fin de l’impunité dans les campagnes camerounaises. Ce drame ne doit pas être un dossier de plus classé sans suite.
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